Cabasse historique

Cabasse


Cabasse est un petit village du Moyen Var. Au bord de la D13, au sud du lac de Carcès.
On y accède facilement depuis Brignoles : en sortant de la ville par la N7, on prend ensuite la D79 qui passe sous l'autoroute et rejoint le village. Depuis le Luc, il suffit d'emprunter la D33.

Qu'est-ce donc ?

Il semblerait que ce nom soit tiré d'un cognonem (surnom) étrusque latinisé : Capatius.
Il est des coins dans notre département qui depuis la nuit des temps ont été témoin du passage et de l'établissement de l'homme. Une plaine fertile et bien arrosée pour se nourrir, des hauteurs difficilement accessibles pour se protéger, et un micro-climat ni trop froid ni trop chaud de façon à enraciner les populations successives. Voici en quelques mots les avantages qui ont fait que les hommes du néolithique, puis les romains, les sarrasins et la civilisation médiévale, se sont installés dans ce petit coin cerné par des hauteurs qui les cachaient des éventuels dangers extérieurs. Et c'est ainsi que siècle après siècle, millénaire après millénaire, les peuples se sont succédés en ce lieu de tout temps habité et nous ont laissé quelques souvenirs de leur passage.

Cabasse sous les eaux

D'abord, un petit mot sur ce à quoi ressemblait la région il y a des millions d'années. Simple, elle se trouvait sous l'eau. En effet, toute la Provence, à l'exception des Maures et de l'Estérel, formait le fond d'une mer tropicale.
A Cabasse, cette mer n'était pas trop profonde et le fond était composé d'argile qui, au contact de cette eau chaude, forma de la bauxite (riche en oxyde d'alumine).

 

Le Cabasse préhistorique

Bien sûr, à cette époque, le village n'existait pas car les hommes vivaient principalement dans des grottes. Il y en a quelques unes autour de Cabasse, notamment le Trou des Fées, dont on reparlera plus loin. C'est vers 3000-4000 ans av. J-C que nos ancêtres érigèrent les mégalithes qui parsèment la région. Ils offrent des formes variées, de quoi enchanter les amateurs de sites néolithiques. Le plus beau des dolmens est celui de la Gastée. Il est particulièrement bien conservé, bien que sa dalle de couverture (5 tonnes à l'origine) ait été trouvée par terre et cassée à un coin. Les fouilles pratiquées ont révélé entre autre la présence de quelque 80 corps et une trentaine de kilo d'os calcinés. Sa chambre carrée est séparée en deux par une dalle verticale et ouvre sur un couloir de 2m de long.
On y accède depuis le village en se rendant au quartier de l'Issole (à l'est, de l'autre côté de la rivière) et en suivant le balisage jaune.
Le Pont des Fées est un dolmen de type différent puisqu'il s'agit en fait d'une allée couverte de 3m de long. A l'origine, il se trouvait sur la colline d'en face, mais l'exploitation de la carrière de bauxite a contraint les paléontologues à déplacer cet édifice et le reconstituer, près de la chapelle N-D du Glaive, pierre par pierre à l'identique par rapport à son emplacement original.
Notons aussi l'existence du dolmen de la Bouissière, à l'ouest de la Gastée, non loin du point coté 322 (accès peu aisé et non balisé). Il n'est certes pas en bon état, mais mérite une petite note car on y a retrouvé quatre couches d'inhumation distinctes séparées par des dallages de pierres plates. Cela montre bien que certains de ces édifices ont été utilisés pendant de très nombreux siècles.
Nous pouvons aussi citer la présence de deux menhirs. Le plus accessible est celui de la Pierre Plantée. Il se dresse au beau milieu d'un vignobles à quelques dizaines de mètres de la petite route D79 qui relie Cabasse à Brignoles. Un autre, celui du Reste, est difficilement accessible car il se trouve en pleine forêt sur les hauteurs du village. Notons aussi le dolmen de Camdumy, sans grand intérêt.

 

L'Antiquité à Cabasse

Quant à nos ancêtre les Ligures, il semblerait qu'ils n'aient pas laissé beaucoup de traces de leur établissement dans la région. Mentionnons cependant la présence d'un oppidum à éperon barré qui devait se situer à 2 ou 3 km au nord du village actuel.
Il fallut attendre l'arrivée des romains pour enfin voir se développer une véritable société telle que nous la connaissons, avec ses villages, son agriculture,… C'est ainsi que naquit Matavo, une petite ville romaine construite au bord de la fameuse voie Aurélienne qui reliait Fréjus à Tarascon, tronçon d'un incroyable réseau de communication qui partait de Rome et descendait jusqu'à Cadix. Le passage de cette voie est attesté par le pont dit "romain" qui se trouve en contre bas de l'autoroute non loin de la route qui relie Cabasse à Flassans. C'est sur cette même route que l'on peut traverser une ancienne exploitation agricole gallo-romaine : la villae de Camdumy. De leur présence, les romains nous laissèrent notamment les restes du mausolée de la famille Cornélia (derrière l'église) ainsi qu'une borne milliaire indiquant la distance de 34 milles entre Fréjus et Matavo (1 mile romain = 1481m, je passe les virgules). Il est cependant scandaleux de trouver de nos jours ces restes graffités par les gamins du village. Comme quoi, les imbéciles ne sont pas le privilège des grandes villes. La mairie devrait faire quelque chose, par exemple déplacer ces précieux témoignages historique en sécurité à l'intérieur de la belle église (où l'on trouve un petit musée lapidaire présentant des pièces gallo-romaine et médiévales).
La région recèle aussi des nécropoles gallo-romaines à la Calade et à la Guérine. On y a découvert des tombes à inhumation et à incinération ainsi que des clous qui servaient à fixer l'esprit des morts (dans d'autres civilisations, on cousait la bouche du défunt).

 

Une Moyen-Age agité

Lorsque l'empire d'occident s'effondra, la région traversa une période de semi chaos qui dura pendant plusieurs siècles. Les villageois de Matavo survécurent tant bien que mal, trouvant refuge dans les grottes du Trou des Fées qu'ils fortifièrent comme ils purent. Finalement le village fut rasé par les sarrasins qui pillèrent la région durant le haut moyen-âge (VIIIè s.). Ils avaient installé leur campement dans l'ancien oppidum ligure situé sur la colline d'en face, que l'on appelle depuis ces temps sombres le "castel sarrin" (voir légende sur N-D du Glaive). La population eut beaucoup de mal à s'en remettre. Néanmoins, les habitants construisirent un castrum à l'emplacement du village actuel et vinrent greffer leurs habitations autour.
Durant tout le moyen-âge, le village était possession des vicomtes de Marseille puis de l'abbaye de la Celle. On érigea la chapelle Saint Loup (probablement au IXè s.) et elle fut agrandie par la suite (en lui collant une deuxième chapelle dédiée à Saint Jean). Le village se développa et accueillit des templiers qui occupèrent la ferme de la Plaine (aujourd'hui exploitation vinicole).

Tout alla à peu près bien jusqu'à ce qu'éclatent les guerres de religion à la fin du XVIè s. Comme la plupart des villages, Cabasse eut à subir tour à tour les assauts des catholiques puis des protestants. En 1579, 400 carcistes (partisans catholiques du seigneur de Carcès) furent passés au fil de l'épée. Une fois de plus, les habitants se servirent du Trou des Fées pour se protéger des assiégeants. Et bien sûr, le village connut nombre de déprédations.

 

L'église de Cabasse

L'église de Cabasse mérite vraiment une visite prolongée. Placée sous le patronage de Saint Pons, a remplacé au XVIè siècle un édifice du XIIè s. dont il ne reste que le clocher. Le portail est de style gothique flamboyant. Mais le tympan bien plus récent contraste de façon trop inesthétique. Sans l'assistance d'un précieux éclairage électrique, l'intérieur serait très sombre (les étroites baies percées dans les murs sont décorées de beaux vitraux qui laissent peu passer la lumière). Cela dit, tout respire le propre et l'entretien régulier. La décoration est des plus soignées : des retables en or, une reconstitution de la grotte de Lourdes avec la Vierge et Bernadette, de nombreux arcs doubleaux des croisées d'ogive retombent sur des culs-de-lampes représentant divers symboles (anges, têtes grimaçantes, coquilles, animaux...).
Le collatéral accueille une petite collection de pièces anciennes découvertes dans la région : autel-cippe paléochrétien, chapiteau de l'ancien château médiéval représentant une joute entre deux chevaliers, urne cinéraire du Ier siècle, morceau de miliaire romain, ancien autel médiéval...

Histoire de légende

N-D du Glaive : la légende veut que le lundi de Pâques 760, les sarrasins décident d'assiéger la maison des fées où s'étaient réfugiés les habitants de Cabasse. Le combat fut rude dans la vallée, et les cabassois implorèrent alors N-D pour leur venir en aide. Celle-ci apparut au-dessus de la bataille semant la terreur parmi les infidèles qui s'enfuirent à toutes jambes. Les vainqueurs déposèrent les armes aux pieds de la vierge à l'endroit où fut par la suite élevée la chapelle N-D du Glaive (restaurée et remaniée au cours des siècles).

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Bernadette, le 12 février 2020

Bonsoir, j'ai visité ce magnifique site lors d'une reconnaissance de randonnée pédestre que nous ferons avec un club de Marseille, en mai. Connaissez-vous l'origine du nom "Grotte" ou "Trou" DES FÉES ? c'est sur le terme des FÉES que vos réponses m'éclaireraient. D'avance merci ! Je ne peux que conseiller à tous cette balade, dans un cadre superbe et CABASSE est un très joli village, qui garde un cachet authentique SANS PRÉTENTION ou TAPE A L’ŒIL pour les touristes !!!!

Cher(e) Bernadette, On emploie souvent les termes "des fées" ou "du diable" pour désigner des sites ou des constructions hors du commun en raison de la difficulté à les construire, les aménager ou y accéder. Comme, par exemple les deux "Pont du diable" au nord de Signes et de Grimaud. Dans le temps, on disait qu'ils avaient été édifiés avec l'aide surnaturelle du diable ou des fées. Il existe plusieurs légendes dans les cultures populaires de différentes régions qui y font référence.

Bernard&Monique, le 06 mars 2019

Superbe expliquation historique, bien complète qui donne envie de tout voir. Merci

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