Château de Flassans

Flassans


Le village de Flassans est situé le long de la Nationale 7, à mi-chemin entre Brignoles et Le Luc sur une voie de circulation utilisée semble-t-il depuis la nuit des temps. Les ruines de son château dominent l'agglomération. Pour les atteindre, le plus simple est de partir du parking des Grands Prés situé en contrebas de la N7, et de suivre le chemin balisé qui monte là-haut en quelques minutes.

Qu'est-ce donc ?

Il y a très longtemps à Flassans

Les premières traces laissées par les habitants de la région se retrouvent dans des reliefs de campement découverts dans la plaine du côté de la Seigneurie et de Candumy, non loin de cours d’eau. On notera aussi la présence d’un dolmen à Candumy. N’oublions pas que, plus au nord, le terroir de Cabasse recèle plusieurs mégalithes remarquables, ainsi que des habitats troglodytiques.

La protohistoire a laissé quelques vestiges intéressants. Premièrement, l’oppidum qui coiffe le sommet oriental de la colline nommée Maunier. Un autre oppidum devait ceindre la hauteur qui porte aujourd’hui les ruines du château.

Sur une colline au sud du petit Candumy, ont été mis à jour plusieurs enclos de parcage de cheptel, et probablement aussi des cases d'habitation, le long d'une étroite voie les reliant sur 300m. Exploité durant le Vème s. avant J-C, cet ensemble parait avoir eu une certaine importance économique et sociale dans la région en l'absence d'autres structures similaires proches.

Déjà une voie d’échange traversait la région d’est en ouest, entre les Alpes et la vallée du Rhône. Plus tard, elle fut reconnue par les colons grecs et phocéens établis sur les comptoirs de la côte entre Menton et Marseille. Alors baptisée « voie Herakléenne » elle rappelait les aventures d’Héraclès qui le menèrent d’un bout à l’autre de la Méditerranée.

Puis les romains s'installèrent dans la plaine autour de plusieurs villae entre Flassans et Cabasse. Le nom de la commune viendrait du gentilice gallo-romain Flaccius (+ le suffixe d’appartenance « -anis »). Probablement un riche propriétaire local. On note une présence importante d’habitations et de sites funéraires (Candumy, la Guérine, la Gravière, Grand-Pièce, Coudounier,…). La voie, réaménagée par les romains (nommée via Per Alpes Maritimas), partait de Rome (via Aurelia), passait par Pise, Nice, Fréjus, puis reliait Aix et Arles pour rattraper la voie Domitienne qui descendait en Espagne. Près de Flassans, elle passait par la Carteresse, enjambait l’Issole par un pont (dont l'actuel date du XVIè s.), traversait la plaine de Grand-Pièce, puis la Guérine et suivait la vallée en replongeant vers Brignoles. A la Grande Pièce, des traces de nombreux bâtiments (dont des thermes), ont été mises à jour le long de la voie. Il est possible que cette zone soit la fameuse station routière de Matavo dont parlent les anciens documents (table de Peutinger et itinéraire d’Antonin).

On remarque ainsi l’importance continue qu’a connue ce petit terroir de 6km² durant près d’un millénaire.

 

Au Moyen-Age

Après la chute de l’Empire romain, le haut Moyen-Age connait une certaine instabilité avec le passage de nombreux envahisseurs (Wisigoths, Vandales, sarrasins,…), obligeant les habitants à quitter les plaines riches pour retrouver les hauteurs fortifiées. C’est ainsi que naquit le castrum de Flassans, encore que le document le plus ancien en faisant mention ne date que de 1045. La petite bute très modestement fortifiée devint un complexe composé d’habitations et de bâtiments défensifs.

Le calme revenu, de nombreux habitants réinvestirent les plaines. C’est ainsi que l’on voit se développer le castrum de Candumy qui comprenait divers habitats éparpillés dans la plaine et les collines, ainsi qu'une église (Saint André).

Au début du XIIIè s., vraisemblablement (ou peut-être un peu avant), l’ordre des Templiers fonda la commanderie de Peyrassol (nom actuel). Les frères y développèrent assez rapidement la culture de la vigne et l’élevage de moutons. En 1308, lors de la dislocation de l'ordre, la maison du Peyrassol est donnée aux chevaliers de Saint Jean de Jérusalem.

Au XIIIè s., la seigneurie de Flassans appartient à Guillaume de Rhezza, seigneur de Cotignac et Carcès, un proche du comte de Provence Raymond Béranger. En 1240 sa fille unique épouse Foulques d’Agoult de Pontevès. En 1245, à la mort de Guillaume, tous les domaines passent ainsi sous le pouvoir des Pontevès. Flassans appartient alors pour moitié à cette famille, et pour l'autre à l'abbaye de La Celle (suite à une donation).

Le XIVè s. fut une période très éprouvante pour la Provence, et Flassans ne fut pas épargné. Les mercenaires enrôlés pendant la Guerre de Cent Ans se retrouvaient sans emploi durant les trêves. Réunis en Grandes Compagnies, ils se mettaient à piller et rançonner les villages qu’ils traversaient.  A la fin du siècle, ce furent les troupes de Raymond de Turenne qui ravagèrent la Provence, suite à un différend entre lui et la régente du Comté et le pape d’Avignon (au sujet de l’héritage de la reine Jeanne). Et que dire de la peste qui frappa elle aussi.

 

Les Pontevès seigneurs de Flassans

On retrouve les Pontevès au XVIè s., en pleine Guerre des Religions. En 1562, Catherine de Médicis (régente de son fils Charles IX) publie un édit de tolérance en faveur des protestants. Mais cela n’eut pas l’effet escompté. Tout d’abord, les protestants accueillirent froidement ce texte. Mais surtout, le Parlement de Provence, tenu par le parti catholique, commandé par Durand de Pontevès, seigneur de Flassans (et frère de Jean de Pontevès, comte de Carcès dès 1571), s'opposa à l'enregistrement de cet édit. Il appela à lui tous les fanatiques qui voulaient anéantir l’hérésie. On rapportait que sa troupe avançait avec à sa tête un moine cordelier portant un crucifix comme pour une procession. Fier de ses succès, il s'empara de Tourves et en massacra les habitants huguenots. Le roi et le Parlement, plus modérés, eurent beau interdire et menacer, Pontevès passa outre et poursuivit ses exactions. Il fut cependant assiégé à Barjols avant de réussir à prendre la fuite. Malgré leur fanatisme religieux, les Pontevès continuèrent de siéger dans les hautes instances des institutions provençales et avoir les faveurs du Roi (consulat à Aix, procureur, grand-sénéchal,…). Jean, comte de Carcès, meurt en 1582 à Flassans à l’âge de 70 ans. Quant à Durand, il survécut à son frère, mais on perd sa trace après 1590.

En 1592, Bernard de Nogaret, gouverneur de Provence (frère du duc d'Epernon, ancien gouverneur déchu), s’empara du château, à la fois pour éviter que les Pontevès et leurs Ligueurs fanatiques ne repartent en « croisade », et aussi pour contrecarrer les prétentions du Duc de Savoie sur la Provence. Abandonné, le château servit de provision de matériaux de construction pour les villageois. Le bourg qui s’était étendu contre ses flancs se dépeupla au profit des hameaux de la plaine.

Toujours propriétaires de cette seigneurie, les Pontevès préféraient cependant résider dans leur château de Carcès. En 1655, Jean II de Pontevès, Grand sénéchal et lieutenant-général de Provence, sans descendance, légua tous ses titres à son neveu François de Simiane, marquis de Gordes.

 

La Route Royale à travers Flassans

C’est à partir du XVIè s. qu’une vaste politique de rénovation et de modernisation des voies de circulation fut initiée en France. Dans le Var, la « Route Royale » se calait assez fidèlement sur le tracé de l’antique voie romaine qui traversait le pays d’est en ouest. Le chemin connut quelques remaniements au cours des siècles. En 1780, la section au nord de Flassans qui suivait quasiment la voie romaine, fut déviée pour descendre plus au sud et passer en plein cœur du village récemment établi. En effet, depuis la fin du Moyen-Age, des hameaux s’étaient développés dans la plaine, notamment trois, de part et d’autre de la rivière. Rapidement, ils prirent de l’ampleur grâce à la migration des habitants du bourg médiéval dès le XVIIè s. qui réutilisèrent les tuiles, huisseries et les pierres du castrum pour leurs nouvelles demeures. Ce dernier fut abandonné dès 1800. En s’agrandissant, les hameaux finirent par fusionner au cours du XIXè s., notamment grâce à la construction du Pont Neuf à la demande de Napoléon pour permettre à ses troupes de traverser l'Issole par un ouvrage plus solide que le Vieux Pont situé juste en aval.

Sous Napoléon, la Route Royale, fut rebaptisée Route Impériale n°8. Puis de nouveau Route Royale n°7 après la chute de l’Empereur. Nous l’appelons de nos jours Nationale 7, mais elle ne passe plus dans le village depuis la mise en place de sa déviation en 1960.

En 1839 l'ancienne commune de Candumy fut supprimée et rattachée à Flassans. En 1871, l’église paroissiale (N-D des Salles) fut remplacée par un bâtiment plus récent et plus grand élevé à côté.

 

Flassans de nos jours

Village est traversé par l’Issole au débit assez fluctuant : cette rivière peut être totalement asséchée en période chaude ou déborder de son lit et noyer les zones les plus basses du village en saison des pluies. La commune a eu la bonne idée de mettre en place plusieurs itinéraires balisés de randonnée, de longueur variable, permettant aux gens de découvrir son terroir riche en sites naturels et historique (téléchargez ces topo-guides sur le site de Flassans).

Pour mettre en valeur les ruines du castrum, leur redonner un certain cachet et sécuriser les lieux, de lourds travaux de restauration sont en cours de réalisation par l'ASCP. Les parties extérieures du château sont librement visitables. On peut traverser les ruines du village grâce à un sentier, mais il est fortement déconseillé de pénétrer dans les bâtiments en raison des risques d’accident dus à la fragilité des murs encore debout.

La chapelle qui se trouve à l'ouest des ruines du château fut probablement (re?)construite au XVIè s. D'abord dédiée à Saint Antoine, elle l'est actuellement à Saint Joseph (et sert d’entrepôt à outils). La chapelle dédiée à N-D de Consolation fut édifiée au XVIè s. Laissée longtemps à l'abandon, elle fut restaurée dans les années 1970. La chapelle Saint Roch, dans le village, date du début du XVIIIè s., ex-voto construit suite à la peste de 1722.

A côté

La commanderie de Peyrassol est de nos jours un domaine viticole bien connu. On peut y séjourner dans des chambres d’hôtes ou des gîtes et y faire de l’eunotourisme.

Un petit mot sur le château de Blanquefort (sud, commune de Besse). Il ne demeure que de timides ruines avalées par la végétation : base d’une tour sarrasine, chapelle d'un monastère de bénédictines et château détruits en 1200. La chapelle Sainte Agathe est l’ancienne église locale, reconstruite au XIVè s., puis à nouveau reconstruite au XIXè s.

Un peu de marche

La commune a eu la bonne idée de mettre en place plusieurs itinéraires balisés de randonnée, de longueur variable, permettant aux gens de découvrir son terroir riche en sites naturels et historique (téléchargez ces topo-guides sur le site de Flassans).

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Pome, le 17 octobre 2021

Merci pour ce petit brin d'histoire et riche de renseignements..je serai très vivement intéressée de rejoindre l'association afin de participer à la rénovation du castrum. J'habite flassans et suis férue de châteaux...merci de me contacter sur Facebook sur mon pseudo romyetfiat à très bientôt

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