Le Rayol-Canadel est accroché au versant abrupt du massif des Maures qui plonge vers la Méditerranée, entre Le Lavandou et Cavalaire. La commune est divisée en deux grands quartiers : le Canadel et le Rayol.
Notre itinéraire commence au Rayol, au niveau du parking qui se trouve au-dessus de l'office du tourisme, sur l'avenue Mistral là où se dresse la pergola du Patec.
Aujourdhui, on remarque que tout le versant est recouvert de belles villas offrant leurs riches façades et leurs jardins en restanques aux chauds rayons du soleil. Mais à la fin du XIXè s., et même au début du XXè s., ce coin était pratiquement désert en raison de ce relief très escarpé et de l'absence de voie de communication digne de ce nom. Quelques maisonnettes se serraient sur les hauteurs, cachées parmis les pins, le long du chemin qui sinuait en balcon depuis La Môle en passant par les crêtes.
Au début du siècle, les premiers "estrangers" vinrent s'installer au quartier du Canadel, qui avait l'avantage d'être directement accessible par la toute récente voie ferrée reliant Toulon à Saint-Raphaël et la seule route de l'époque qui reliait ce versant à la commune de La Môle (dont dépendait la côte) loin de l'autre côté, et aussi à la route 98 qui traverse les Maures de part en part. C'est ainsi que la bourgeoisie essentiellement parisienne et même étrangère commença à s'intéresser à cette petite région. Il n'était pas rare de rencontrer quelque artiste venu chercher l'inspiration, mais aussi de riches entrepreneurs tels que Gustave Adolphe Clément-Bayard (constructeur de cycles, voitures et dirigeables), ou encore Henry Royce, le cofondateur de Rolls Royce, qui y fit plusieurs séjours jusqu'en 1931.
Dans les années 20, ce fut au tour du Rayol de voir fleurir de belles villégiatures au coeur des pinèdes, sous l'impulsion d'une société balnéaire. Quelques hôtels et de riches villas furent rapidement élevés, reliés par un réseau de petites routes tout en lacets. Pour accéder à la plage tout en bas, les promoteurs firent construire un magnifique escalier en pierres locales, agrémenté de fleurs et d'énormes jarres, divisé en plusieurs paliers pratiques pour faire une petite pause et profiter de la vue.
C'est depuis la pergola circulaire du Patec, à mi-chemin de ce monumental escalier, que nous débutons notre petite randonnée de 10 km. On y trouve un assez grand parking, bienvenu pour y laisser sa voiture. Le site offre une belle vue plongeante sur une partie du Rayol, et la mer en contrebas. Non loin, on peut voir l'église dédiée à Sainte-Thérèse de l'Enfant Jésus. Construite en 1932, dans un style mélangeant l'art-déco de l'époque et le néo-provençal, elle fut agrandie par un petit clocher au début des années 1980. Devenue trop petite, on décida dans les années 1960 de construire un amphithéâtre extérieur derrière le bâtiment. Elle accueille des messes et des concerts en plein air.
Faisons face à la mer et empruntons, derrière la pergola, le magnifique escalier qui descend allègrement. Traversons la route et poursuivons notre dégringolade un petit moment jusqu'à retrouver une autre route que nous suivons vers la mer sur une vingtaine de mètres. Elle tourne à droite en direction des plages. Mais nous, nous prenons à gauche, direction le Domaine du Rayol, comme l'indique un panneau. A partir de cet endroit, nous allons cheminer sur le tracé de l'ancienne voie ferrée décrite plus haut.
Rapidement, nous atteignons le jardin botanique du Rayol.
C'est en 1910 que le banquier Alfred-Théodore Courmes et son épouse Thérèse décident de s'installer en ce lieu qui n'était alors qu'un maquis, et d'y aménager un vaste jardin d'agrément en terrasses. M. Courmes connait bien la région puisqu'il est natif de Bormes. Les années suivantes, ils agrandirent leur domaine, toujours avec style. En 1940, Mme Courmes, devenue veuve, revend le domaine à l'industriel Henry Potez, qui l'embellit encore et le bichonne grâce à une armée de jardiniers. Quelques années avant la Seconde Guerre, M. Potez est obligé de vendre sa prolifique entreprise d'aviation à l'Etat. En 1940 il s'installe au Rayol, loin des conflits, et y fait venir son associé Abel-François Chirac et sa famille (dont le petit Jacques).
Au début des années 1970, le domaine presque à l'abandon, passe aux mains d'une compagnie d'assurances dont les intérêts sont d'une toute autre nature. Un projet immobilier est mis en échec grâce à l'entremise d'associations locales désirant sauver et réhabiliter ces jardins. Dans les années 1980, la zone est classée protégée afin d'éviter toute nouvelle tentative de destruction. C'est en 1989 finalement que le Conservatoire du littoral acquiert le domaine. S'ensuit une vaste entreprise de restauration et d'agrandissement du domaine (7 ha), donnant la part belle aux essences de type méditerranéen. Il est ouvert toute l'année, on peut profiter de journées thématiques, de visites guidées, d'ateliers,... Personnellement, je trouve que l'entrée n'est pas donnée...
Le chemin se poursuit en longeant la clôture du domaine et s'éloigne des constructions pour pénétrer dans une région plus sauvage. Des échappées à travers les arbres permettent d'apprécier la hauteur de la ligne par rapport au rivage en contrebas.
Il fallut attendre le percement de la ligne de chemin de fer reliant Saint-Raphael à Toulon (entre 1889 et 1905) pour faire connaitre cette partie sauvage et grandiose de la côte varoise. On l'appelait le "Train des Pignes" (comme d'autres voies qui sillonnaient le sud-est de la France), et plus particulièrement le Macaron à Toulon (sa gare se trouvait à l'actuel emplacement du lycée Dumont d'Urville). La ligne était gérée par la Compagnie des chemins de fer du Sud de la France, devenue la société des Chemin de Fer de Provence en 1925.
Durant les premières décennies, le trajet en locomotive vapeur prenait tout de même jusqu'à 7 heures pour parcourir la centaine de kilomètres. Il faut dire que le long de cette côte fortement accidentée, la ligne devait franchir de nombreux ravins, s'enfoncer sous les collines, tout en épousant le profil non rectiligne du terrain. Durant les années 30, on ramena le temps à moins de 3 heures, grâce aux locomotives diesel. Mais les coûts de maintenance de la ligne (effondrements, raz de marée,...) et l'instabilité politique et économique furent un frein à l'élan de modernisation engagé. Les combats de la seconde Guerre Mondiale (débarquements) endommagèrent fortement la ligne. Puis la concurrence du réseau routier et le manque de volonté politique aidant, son exploitation prit fin en 1949.
Par endroit, la voie s'enfonce dans d'étroits défilés au pied de hautes falaises taillées à coup d'explosifs. Cette étroitesse est due au fait que la voie ferrée est de type métrique (au lieu des 1435 mm des voies normales).
Plus loin, nous arrivons au hameau du Dattier, caché dans un creux du versant abrupt des Maures et étagé jusqu'à la mer où nous attend une petite crique.
A cet endroit, nous quittons le chemin de fer au niveau des boites aux lettres et de la barrière pour emprunter un sentier raviné montant, toujours vers l'est. Il nous conduit au-dessus de la ligne et du tunnel pour nous emmener devant le portail du domaine Foncin. Cette grande bâtisse, sans égale et tout de blanc vêtue, posée sur sa colline pyramidale dominant la mer, fut construite en 1894. M. Foncin, un universitaire géographe amoureux de la nature en fit sa résidence de villégiature. Ses enfants poursuivront son oeuvre jusqu'à ce que le domaine soit légué au Conservatoire du littoral qui perpétue à son tour cette entreprise.
A présent, il faut prendre le petit sentier qui contourne le domaine par la droite, là où un panneau prévient que le chemin est un peu risqué. Il faut en effet être équipé de bonnes chaussures de randonnée et avoir un peu l'habitude d'évoluer sur les sentiers rocailleux. Mais il n'y a pas vraiment de danger pour qui randonne normalement. Evitez cependant d'emmener un chien ou des enfants. Par contre la récompense vaut l'effort demandé car on chemine vraiment en balcon au-dessus de la mer, parmi la garrigue.
Une fois contourné le domaine, on atteint un petit replat où nous attend un oratoire dédié à N-D avec comme inscription "Estelo de la mar prega per nostre". Jadis, il n'était pas rare d'ériger un tel monument religieux tourné vers la mer afin d'assurer les marins de la bienveillance de la Vierge.
Poursuivons notre itinéraire le long de la crête vers l'est, en profitant toujours de cette vue plongeante sur cette mer aux bleus intenses.
500 mètres plus loin, vous avez le choix entre prendre à droite le petit sentier qui continue en balcon, ou poursuivre tout droit pour rejoindre un large chemin qui apparait juste après. Donc, si vous en avez marre de ce petit sentier rocailleux, tirez tout droit, ce sera bien plus facile.
Encore 600 mètres sur un terrain descendant, et vous retrouvez une grande piste arrivant sur la gauche. Continuez à descendre pour franchir le petit ruisseau du Fenouillet, et prenez à droite pour rejoindre la plage de Bonporteau tout proche, lieu idéal pour pique-niquer.
La pause terminée, revenez sur vos pas jusqu'au vallon du Fenouillet et remontez le ruisseau (et non le chemin pris un peu plus tôt). Un tout autre biotope vous attend ici, au creux de ce vallon ombragé et humide, très agréable à parcourir par temps chaud. Quelques gués à enjamber au début, puis deux passerelles. Plus loin, quittez ce joli vallon grâce à une troisième passerelle sur votre droite, puis remontez et retrouvez rapidement l'ancienne ligne de chemin de fer.
C'est le moment de retourner au Rayol en empruntant à votre gauche la voie prise à l'aller. Rapidement, vous allez traverser un long tunnel et retrouver le hameau du Dattier. Poursuivez sur le chemin de fer, repassez devant le Domaine du Rayol, remontez le monumental escalier et retrouvez le Patec.
De nos jours, il est possible d'emprunter l'escalier monumental depuis la plage et monter, monter jusqu'aux crêtes au lieu-dit le Drapeau. Balisé en jaune, cet itinéraire suit l'escalier jusqu'à l'église, et même un peu au-delà à travers les villas. Puis il se transforme en sentier bien pentu au milieu des mimosas, parfois dégradé (errosion), alternant entre marches en bois, passages en terre, et quelques escaliers en pierre restaurés à la fin. A réserver aux habitués car c'est tout de même 300m de dénivelé en ligne assez droite. Pour le retour, plutôt que redescendre par le même chemin assez raide, on peut rejoindre la piste jusqu'au col de l'Etoile et emprunter les rues qui descendent vers le rivage, sinuant à travers les grandes propriétés.
10km et 350m de dénivelé à découvrir sur Visorando
La balade filmée par From Var With Love :
www.youtube.com/watch?v=RsTJ6lvkClU
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Mathilde, le 07 juillet 2020
C'était super bien, la randonnée est longue mais facile. La crique vaut vraiment le détour, surtout en été (mais avec de bonnes chaussures, j'ai vu un homme qui a cassé ses tongs). Je conseille de faire le chemin qui longe la mer tout du long, c'est plus joli. Et la plage finale est une vraie récompense. Merci pour ces informations vraiment bien détaillées.
Sabine, le 27 janvier 2020
Je me suis amusée à grimper les escaliers depuis la plage jusqu'à l'église. Je conseille cela à toutes les filles qui veulent se muscler le popotin ;-) Et en plus le coin est très sympa !
Anny, le 30 août 2024
Dommage qu'on ne trouve plus les tables de pique-nique près de la plage de bonporteau. Dommage aussi que le jardin du rayol soit si cher !