Le massif du Dramont est un promontoire rocheux situé à l’est de l’agglomération de Saint-Raphaël, juste avant la baie d’Agay. Il est traversé par la route D559 qui longe toute la côte varoise jusqu’aux Alpes-Maritimes.
De par sa nature, il représente la pointe la plus méridionale du massif de l’Estérel dont l’origine volcanique débute il y a 250 millions d’années.
La particularité du Dramont, d’un point de vue géologique est qu’il est en partie constitué d’une roche magmatique née à la suite d’une période de volcanisme plus récent (il y a une bonne trentaine de millions d’années tout de même). Cette roche étant issue de lave ayant principalement refroidi en profondeur, elle n’affleure que rarement à la surface. De couleur bleue, parfois verdâtre, on la nomme l’estérellite (on la trouve aussi sous le nom de porphyre bleu). Elle contraste ainsi fortement avec le rouge de la rhyolite caractéristique de l’Estérel.
La dureté de l’estérellite la fit apprécier des romains qui l’utilisèrent pour leurs routes. Ils creusèrent deux carrières qui existent encore de nos jours.
Bien plus tard (à partir de la seconde moitié du XIXè siècle), ce gisement fut de nouveau exploité pour produire des pavés (trottoirs,…) et du ballast lors de la construction du chemin de fer reliant Toulon à Nice. Au XIXè s., la route (Nationale 7) passait juste au nord des 2 grosses carrières ; elle fut déplacée par la suite pour longer la voie de chemin de fer. On y trouvait une cité ouvrière (jusqu’à 1000 travailleurs, beaucoup d’immigrés italiens), une chapelle, des commerces, une école, et bien sûr toute l’industrie nécessaire (concasseurs, forge, maintenance,…).
D’autres carrières furent creusées à proximité (certaines disparues depuis sous le domaine de Cap Estérel). En fonction de leur destination, les blocs d’estérellite pouvaient être concassés en ballast pour une utilisation locale. Ils étaient aussi débités en plus gros morceaux, acheminés par brouettes (au début), puis par wagonnets (à partir des années 1870) de l’autre côté de la voie de chemin de fer (via un pont disparu et le petit tunnel). Ils étaient dans un premier temps entassés formant d’énormes monticules de plusieurs mètres de haut. Puis ils étaient chargés sur les barques grâce à un ponton, et sur les gros bateaux grâce à une jetée élevée terminée par un portique de chargement (sa base est encore visible dans la partie ouest de la plage).
Les blocs trop petits pour être utilisés étaient peu à peu déchargés sur la plage formant un remblai qui, au fil des décennies, fit reculer le littoral de plusieurs dizaines de mètres (voire 100m maximum). De nos jours, on remarque que ces déchets bleu/gris (adoucis en galets par le ressac) forment la bordure de la plage.
Avec le temps, la demande en pavés fondit comme neige au soleil, car on préférait réaliser les routes en asphalte. L’exploitation prit fin en 1959. Seule la carrière des Petits Caous est toujours en activité. Le site du Dramont est vendu par lots durant les années 80. Le Cap Estérel sort de terre au début des années 90. Les deux carrières furent noyées, celle à l’est fut transformée en base nautique et l’autre sert de réservoir d’irrigation pour le Cap Estérel.
Un parcours culturel retrace l’histoire de ces carrières et de leurs employés. Il débute au grand parking du Dramont (au niveau de la barge de débarquement), passe sous la route (par un petit tunnel) et se poursuit de l’autre côté le long des anciennes carrières. 21 panneaux explicatifs sont illustrés par des photos d’époque. Un musée a même ouvert ses portes non loin de là fin mars 2022 : la Maison des Carriers
Entre novembre 1942 et septembre 1943, la partie sud-est de la France est occupée par l’armée italienne. Puis, après la capitulation de l’Italie (armistice de Cassibile), le régime de Vichy et les Allemands prennent le contrôle de la région. Ils réquisitionnent les carrières du Dramont pour produire les blocs servant à la construction de leur système défensif côtier.
Le 15 août 1944, a lieu l’assaut naval des Alliés. C’est le groupe Camel qui est chargé de débarquer sur les plages autour du Dramont. Le site est choisi notamment pour la présence de cette plage de galets qui facilite le débarquement des troupes et engins militaires.
Au niveau du grand parking, on trouve plusieurs points culturels retraçant cet évènement.
Pour apprécier au mieux ce site géologique, il convient d’enfiler ses chaussures de randonnée préférées et de se lancer dans une balade de 4 km autour du sommet du Dramont.
Nous débutons notre boucle au niveau du grand parking. On descend sur la plage du débarquement pour se diriger vers l’est. Notons au passage ces galets de porphyre bleu qui frangent le littoral et contrastent avec le beige tendre du sable. Passé quelques marches, nous débouchons sur le petit port du Poussaï que nous contournons pour reprendre un petit escalier qui nous fait pénétrer dans la forêt. Une piste se poursuit vers l’est, en balcon au-dessus de la côte déchiquetée, et à l’aplomb du sémaphore.
Rapidement nous atteignons la pointe du Dramont et ses rochers accessibles (mais faire tout de même attention car une chute n’est jamais exclue). Ici deux possibilités s’offrent à vous.
. circuit court du sémaphore : un large chemin monte à gauche en lacets pour atteindre le sémaphore et offrir une vue à 360° sur tout le secteur. Vous pouvez redescendre de l’autre côté via un autre large chemin qui aboutit rapidement sur une piste qui vous ramène au Poussaï. Mais vous pouvez aussi redescendre par où vous êtes monté pour enchainer avec le circuit rocailleux décrit ci-après.
. circuit long par les sentiers rocailleux : au lieu de monter par le chemin, repérez un petit sentier bien rocailleux et balisé qui descend un peu vers l’est puis rebique rapidement vers le nord et suit en balcon le profil de la côte. Il contourne la profonde calanque de la Mare Règue, rencontre un sentier descendant du sémaphore et se poursuit en balcon vers le Cap du Dramont (au niveau d’un banc posé devant l’étendue infinie de la Méditerranée). Puis le circuit s’oriente plein nord, s’éloigne des rochers et retrouve la forêt. Rapidement il se transforme en piste. A un carrefour, un chemin descend à la plage de Camp Long ; le nôtre tourne vers l’ouest puis rencontre la piste descendant du sémaphore (celle du premier circuit). En continuant, on retrouve le Poussaï, puis la plage du débarquement.
Quel attrait peut-on bien trouver à ce petit caillou émergeant des flots ? Il est pourtant racheté à l’Etat en 1897 par Léon Sergent un architecte local et bien intégré dans la jet-set anglaise en villégiature sur la Côte. Auguste Lutaud est docteur en gynécologie, mais aussi grand voyageur, amateur d’art littéraire et directeur de publication médicale. Il découvre la Côte d’Azur grâce à ses patientes anglaises et commence par y faire quelques acquisitions. Il engage ce cher Léon Sergent pour y aménager et construire quelques demeures qu’il revend assez rapidement. Ils deviennent amis. Léon l’invite même quelques fois sur son île, alors vulgaire caillou, pour quelques parties de pêche. C’est en 1909 que le docteur rachète cet îlot. Rapidement, il décide d’y faire construire une tour carrée, et nomme bien sûr son ami en tant qu’architecte. Elle est terminée en 1910, mesure 18 mètres de haut (5 étages) et 8 mètres de côté. Son inauguration est fêtée de manière assez grandiose telle qu’on avait l’habitude de le faire à cette époque. Lutaud y fut proclamé roi de l’Ile d’Or devant un parterre d’invités issus de la bonne société (dont Angelo Mariani, l’inventeur d’un vin tonic à base de cocaïne, très apprécié à l’époque, et « ancêtre » du Coca-C…). Des armoiries sont dessinées, des médailles sont frappées.
Par la suite d’autres fêtes furent célébrées, mais sur la terre ferme au Dramont, non sur l’ile par manque de place pour accueillir tous les convives.
Le docteur n’habita jamais son île. Mais ses cendres y ont été déposées en 1925 l’année de son décès. Après sa mort, le « royaume » est pratiquement laissé à l’abandon. La tour se dégrade à tel point qu’il n’en subsiste que les épais murs. L’île est vendue dans les années 1960 à François Bureau, officier de la Marine Française. Il fait restaurer entièrement l’édifice en respectant le style originel. Ses descendants poursuivent ces travaux, ainsi que le souvenir du Royaume de l’Ile d’Or et de ses fêtes mémorables.
Au fil des décennies, et jusqu’à nos jours, cette île et sa tour inspirèrent maints artistes en tout genre (peintres, photographes, musiciens, cinéastes,…).
8km et 250m de dénivelé à découvrir sur Visorando
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Pierre, le 25 août 2022
Bonjour, Je recherche quelqu'un ayant bien connu,le mouvement des actifs des carrières du Dramont ,durant les années 1940 à 2020. Vous remerciant d'avance. C.Pierre pjc7655@gmail.com
Marc, le 13 avril 2022
La balade autour du Dramont est très intéressante, les rochers superbes. Mais un peu trop de monde le dimanche !!
Fany, le 04 septembre 2024
Magnifique balade sur cette côte très découpée. Mais ya beaucoup de monde le week-end. Autour du parking on trouve des panneaux explicant le débarquement et l'histoire de la carrière de porphyres, très intéressant.