Salernes est un petit village niché au coeur d'étroits vallons, à la frontière entre le moyen et le haut Var. Situé à une grosse vingtaine de kilomètres à l'ouest de Draguignan. Et voisin d'autres jolis villages varois qui méritent une visite : Sillans, Fox-Amphoux, Aups, Villecroze, Entrecasteaux, Cotignac.
Cette page présente trois sites intéressants regroupés autour du village de Salernes.
Un peu à l'écart de l'agglomération, un agréable vallon offre la fraîcheur de sa végétation et de son cours d'eau pour un agréable pique-nique ; c'est le vallon de Saint Barthélemy.
Sur l'une des hauteurs de la commune se dresse la chapelle de Croix-Solliès depuis laquelle on bénéficie d'un vaste panorama sur le Var.
Et enfin, surplombant directement les toits du village, se dressent les ruines du château seigneurial.
Cet étroit vallon a été creusé il y a fort longtemps par les eaux d'un petit torrent qui s'est depuis bien assagi. Il coule à présent tranquillement et accueille en son lit de belles écrevisses. Les anciens ont même eu l'idée de capter une partie de son eau et de l'emmener, via un canal, dans les terres fertiles qui forment le bassin de Salernes.
Ce vallon se trouve à un gros kilomètre au nord de Salernes. On y accède, au départ du village, en se rendant dans un premier temps au lieu-dit La Cabrière par une petite route.
A ce niveau, la route coupe la départementale et poursuit en face. C'est par là qu'il faut aller, jusqu'au bout, où un parking attend les voitures de visiteurs (pont).
Le soleil se fait discret dans ce vallon très encaissé. Le chemin remonte le cours du ruisseau sur 200m et débouche sur une belle clairière ombragée et dominée par de hauts rochers escaladés de lierres. L'herbe y est généreuse et les arbres élancés. Sur la gauche, dort l'étang de Saint Barthélemy, tout contre une falaise. Les joncs et les peupliers s'y plaisent à se mirer dans cette onde immobile. Et les gens aiment à y venir pour une journée pique-nique. Une légende est associée à cet étang.
Il ne faut que quelques pas de plus pour apercevoir la resplendissante chapelle dédiée à Saint Barthélemy qui trône sur son rocher. Dépassant un peu au-dessus des frondaisons, elle peut ainsi bénéficier des chauds rayons du soleil. Cette chapelle a été érigée au XVIè s. et fut transformée au XIXè s.
Le vallon se poursuit vers le nord en se rétrécissant. Il se transforme rapidement en défilé d'une nature sauvage. L'eau a façonné les hautes parois : on y voit des concrétions de travertin et des abris sous roche plus ou moins profonds. Si, à présent, on ne rencontre plus grand monde dans ces ternes profondeurs (à part quelques gens venus bivouaquer), il en était autrement au cours du Néolithique (6000 à 2000 av. J-C) : on a retrouvé dans une des grottes des ossements humains portant des stries de silex. Il semble ne faire aucun doute qu'il s'agit là d'un témoignage d'anthropophagie. Une douzaine de squelettes (adultes et enfants) ont ainsi été étudiés. Les corps ont été dépecés et désossés. Certains os ont été brisés pour en extraire la moëlle très appréciée. Doit-on attribuer ce cannibalisme à une pratique religieuse (culte des morts) ou à une période de grande famine ? Ce qui est sûr, c'est que l'on a découvert des faits similaires un peu partout en Europe. Cependant, il s'agit bien d'un caractère exceptionnel et ponctuel.
Restons dans la Préhistoire en donnant un petit mot sur la sépulture de la Lauve située sur les hauteurs au sud-ouest du vallon. Il s'agit d'une forme de mégalithe assez rare qu'on appelle une tholos (mot grec signifiant rotonde). Si de nos jours, il ne reste que la base, il faut s'imaginer une sorte de grosse chambre funéraire circulaire en pierres sèches, un peu comme nos cabanons, mais en plus massif.
On peut aussi noter la présence du Trou du Loup. Qu'es aco ? il s'agit d'un passage creusé dans la roche par l'eau, une sorte de conduit coudé de 3 mètres de long, pas facile à atteindre pour les petites jambes. Il se situe dans la partie sombre du vallon au niveau des grottes après un gué. Un court sentier y conduit, puis il faut s'aider des bras et des jambes pour pénétrer dans ce trou et ramper jusqu'à sa sortie qui se trouve au-dessus. L'intérêt ? c'est assez étonnant à faire ; et puis c'est un passage pour un circuit de randonnée qui part du vallon et se poursuit sur le plateau de Plérimond au nord.
Cette chapelle se dresse au sommet de la montagne qui se trouve juste au sud-ouest de la commune. Le site est assez peu visité, car d'accès pas très évident pour les non-marcheurs.
Quelques petits mots d'abord sur le panorama qui s'offre à nous depuis ce plateau. A l’extrême ouest, se dressent les Bessillon, massifs les plus remarquables du département tant par leur situation géographique que par leur morphologie. Puis le regard s'égare sur la vaste plaine bosselée de l'Argens qui s'étire d'est en ouest, coupant le Var en deux. Quelques reliefs caractéristiques émergent de ces molles ondulations, telles que la barre de Saint Quinis, la Loube et le Recou au-dessus du Luc.
La chapelle a été laissée à l'abandon pendant de longues décennies. Sur cette hauteur, elle ne bénéficie d'aucune protection (si ce n'est divine), subissant la pluie, les vents, la neige, les orages, et le soleil cuisant de l'été. L'enduit qui recouvrait ses murs laisse à présent ressortir la beauté brute de sa maçonnerie en pierres et ses nombreux chaînages d'angles. Son toit qui avait depuis longtemps laissé place au bleu du ciel, a été totalement remonté à neuf. L'harmonie en a par contre pris un sacré coup !!
Deux éléments cependant mettent en valeur cet édifice. Le premier est sa façade, assez récente (1874) et en très bon état, qui est surmontée d'un clocher fort simple et encadrée à ses deux angles par deux sortes de pilastres qui se prolongent au-dessus du toit par des clochetons typiques de l'architecture du XIXè s. En guise de portail, la façade est percée d'une simple porte en arc plein cintre. L'autre point intéressant est l'intérieur de l'édifice. On remarquera que le choeur ainsi que la voûte du plafond (enfin, ce qu'il en reste) sont recouverts d'un parement fait de briques rouges.
Depuis la chapelle, on peut atteindre un belvédère un peu plus bas qui offre une belle vue sur la région de Salernes. Pour cela, il suffit de suivre le petit chemin balisé en jaune qui mène dans un premier temps au relais télécom puis au belvédère. De là-bas, on surplombe directement le village, et l'on aperçoit très bien les ruines du château. La vue porte ici sur le nord et l'ouest, permettant ainsi de bien distinguer la chaîne des Cugulon sur la gauche prolongée sur la droite par la chaîne rocheuse des chapelles de Vérignon. On aperçoit aussi très bien les jolis villages de Villecroze et de Tourtour qui méritent quelques heures de visite.
Le château de Salernes se dresse sur une bute qui domine le village. Pour y accéder, on peu par exemple laisser sa voiture au parking jouxtant le stade puis monter jusqu'à la Rue du Château et remonter celle-ci par la droite jusqu'à rencontrer le chemin qui mène aux ruines. On est dans un premier temps accueilli par les deux tours rondes qui se dressent un peu isolées, mais assez bien conservées. Bien sûr, comme dans tous édifice en ruine, il est très important de faire attention où l'on met les pieds et ne pas trop s'approcher du bord des rochers. Le château semble avoir été construit au XIIIè s. par la famille des Castellane. Au cours de la deuxième moitié du XVIIè s. il fut ravagé par un incendie, ce qui causa la ruine du seigneur de l'époque...
A une époque fort lointaine, les nymphes des bois avaient pour habitude de se baigner dans les eaux de la source du Vallon de Saint Barthélemy. Pour en interdire l'accès aux mortels, les dieux remodelèrent les rochers alentours en forme de hautes falaises. Un jour, des chevaliers parvinrent sur les bords de l'étang, effrayant sans le vouloir les nymphes qui disparurent. Les chevaliers en conçurent alors un profond désarroi. Pris de pitié pour ces malheureux humains, les dieux les changèrent en peupliers. C'est depuis ce jour que ces arbres grandissent sur les berges de l'étang.
Au milieu du Moyen-Âge, la région de Salernes était habitée par les descendants d'une antique tribu dont les origines remonte aux Scythes. Cette civilisation vénérait une déesse mère dont le corps se terminait par une queue de poisson. La légende veut que l'épouse du seigneur de Salernes donnât un jour naissance à une petite fille à queue de poisson. Voilà un héritage bien dangereux en cette époque si hostile aux évènements surnaturels païens.
Heureusement, il se trouvait que la famille connaissait en son sein une bonne fée. Celle-ci, à défaut d'éradiquer totalement le mauvais sort, put obtenir des forces surnaturelles que l'enfant ne soit sirène qu'une fois par semaine, le lundi. Les six autres jours, Ermentrude pouvait profiter d'un corps parfaitement humain. Le secret se garda ainsi durant des années. La petite fille grandit en faisant l'admiration de toute la population qui n'était pas au courant de l'affaire.
Les prétendants se massaient aux portes du château ; mais un seul, un comte, obtint les faveurs de la belle. Ne désirant pas que le secret soit découvert par le futur mari, la famille obtint quelques concessions de sa part. La jeune femme lui demanda de lui construire dans son château une piscine fermée au-dessus d'un aven, qu'elle seule pourrait utiliser. Elle lui fit jurer de respecter son intimité. Le mariage fut célébré et les époux emménagèrent.
Mais l'amour avait trop pénétré l'esprit (ou plutôt la braguette) du jeune homme si bien qu'il ne pouvait se séparer de sa mie toute une journée. Aussi, un lundi, pénétra-t-il dans la salle interdite, découvrant ainsi sa chère et tendre affublée d'une queue de poisson. Thon, morue, sole ou mérou ? quoiqu'il en soit le jeune homme ne put concevoir de tripoter une sirène. Comme par magie, la piscine s'effondra et disparut avec Ermentrude dans le fond de l'aven.
Désespéré, le jeune comte plongea à son tour dans le trou pour ne jamais en ressortir, ne laissant aucune descendance à sa famille.
Au cours des siècles suivants, on racontait que les fantômes de la belle sirène et de son époux hantaient les ruines du château. Puis un jour, les restes du château s'écroulèrent dans l'abîme et les fantômes sans demeure s'évanouirent à jamais.
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Charles, le 30 avril 2020
Passionnant ! Merci beaucoup
Annie, le 22 janvier 2022
Bonjour, nous avons fait cette superbe randonnée en partant du vallon, puis de la chapelle de Saint Barthélémy et en remontant sur le plateau de la Lauve. Nous y avons constaté de mutiples affaissements, comme des monticules de pierres effondrés, d'1 bon mètre de diamètre, de toute part autour du Tholos. Savez-vous à quoi cela correspond ?
Cher(e) Annie, La tholos était recouverte d'un tumuls en forme de dôme. Depuis le temps, les pierres ont été déplacées, empilées,...